Page:Domela Nieuwenhuis - Le Militarisme.djvu/33

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Eh bien ! je vous propose de lui envoyer un salut d’honneur et de témoigner que son acte est à nos yeux beaucoup plus héroïque que les bravoures de la guerre. Une société qui permet que les meilleurs de ses fils souffrent en prison, n’est pas digne d’exister. Et nous disons que l’acte individuel de ce jeune homme doit avoir nécessairement une grande influence. Et quand ces exemples se multiplient, ces courageux sont les pionniers d’une ère nouvelle, l’ère de la civilisation réelle qui n’a rien à faire avec la civilisation hypocrite qui est le caractère de notre temps actuel.

XIX. Favoriser le développement général et les conditions de bien-être pour tout le monde.

Si les hommes ont quelque chose à perdre par la guerre, ils ont intérêt à conserver la paix. Il viendra un temps où la guerre sera considérée comme un reste de la barbarie, quand les hommes voyaient dans la force le seul moyen d’obtenir un soi-disant droit, et de finir les querelles. L’opinion de beaucoup de personnes que l’ultima ratio des peuples, comme auparavant des princes, sera à l’avenir le canon, n’est pas la nôtre et l’histoire de la civilisation ne parle pas en faveur de la vérité de cette thèse. Il y avait un temps dans lequel on considérait le duel comme le seul moyen de réparer son honneur, maintenant on devient de plus en plus ridicule quand on pense que l’honneur a quelque chose à faire avec le versement de sang. Eh bien ! il en est de même pour la guerre. Il n’est pas question si toutes les querelles finiront et si on verra une société d’anges dans l’avenir ; mais pourquoi l’homme, qui est un être raisonnant, aurait-il besoin de se battre pour terminer ses querelles ?

Un être qui pense, n’agit pas avec des moyens de violence, mais avec des arguments. Et c’est pourquoi le roi Frédéric II a raison, quand il dit que si ses soldats commencent à penser, aucun d’eux ne restera dans les rangs.

Qu’est donc une armée ? Une collection de personnes qui ne pensent pas, d’instruments dociles,