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Page:Domela Nieuwenhuis - Le Militarisme.djvu/32

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guerre est impossible, dès qu’on empêche le transport des soldats, des chevaux, des mulets, des canons, des munitions, des vivres. Continuons donc notre propagande pour faire germer l’idée du refus de service en cas de guerre, accompagné de la grève générale.

L’idée fera son chemin. Faisons tout notre possible pour que les anarchistes, les seuls vraiment révolutionnaires et internationaux, comprennent enfin que le prolétariat du monde entier doit risquer son sang uniquement contre son seul et véritable ennemi : le capitalisme.

XVIII. La résistance passive et le refus individuel.

Ce que la grève fait collectivement, est fait individuellement par la résistance passive. Le refus du service militaire est un des moyens propres à lutter contre les gouvernements. Mais ce refus exige une force morale extraordinaire, car pour résister aux tourments et tracasseries auxquelles on s’expose, un caractère presque surhumain est nécessaire. Vous connaissez le courage et le caractère des Doukhobors russes, qui, malgré toutes les souffrances, ont persévéré dans leur refus du service militaire. Chapeau bas devant ces héros, non pas en Russie, mais partout. Chez nous, dans les Pays-Bas, nous avons eu l’année dernière deux jeunes gens qui ont refusé le service militaire. L’un d’eux était un anarchiste chrétien : il a subi une punition de prison pendant quelques mois, et il a succombé. L’autre, au contraire, un anarchiste individualiste, a supporté sa première punition de prison pendant une année entière. Sorti de prison au mois de mai, on lui a de nouveau demandé s’il voulait faire son service militaire. Il refusa encore une fois, et, comme récidiviste, on l’a recondamné pour un an et quatre mois. Il reste fidèle et on s’étonne d’un tel caractère, car il n’y a pas longtemps qu’il écrivait de la prison : « Ma conviction m’est plus chère que la vie. On peut me prendre la vie, mais ma conviction, jamais ! » Et quand l’homme dit : Je ne veux pas tuer, le gouvernement répond après vingt siècles de christianisme et de civilisation : À la prison, ce malfaiteur ! pour lui, pas de place dans notre société ; il est dangereux pour l’ordre actuel.