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Page:Donnay - Autour du Chat Noir, 1926.djvu/114

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nous allons avoir l’honneur de représenter devant vos tyrannies électorales les Amours symboliques de Jupiter et de Léda.


Et sur le petit théâtre des Ombres athéniennes, la salle étant plongée en
des nuits épaisses, se déroulent les scènes qu’explique le cabaretier Lissas.

Les rives de l’Eurotas, d’après le tableau de notre bon camarade le peintre Zeuxis.

La troublante Léda, femme du roi Tyndare, se promène silencieuse sur les bords du fleuve. C’est le printemps, elle a du vague à l’âme, ce qui se traduit chez elle comme chez la plupart des personnes de son sexe d’ailleurs par le besoin urgent de tromper son malheureux mari. Mais dédaigneuse de l’amour des humains, elle rêve de l’amour des Immortels ; elle attend l’Amant-Dieu.

Il arrive. Il arrive. Jupiter se présente sous la figure d’un serpent. Mais Léda n’est pas un personnage de la Bible. C’est une personne extrêmement dégoûtée. Elle ne se laisse pas séduire par l’astuce visqueuse du vil reptile. Elle n’écoute pas ses propos tentateurs et ses mensonges hypocrites.

Le serpent, elle s’en moque !

Jupiter essaye alors de l’intimidation. Il se métamorphose en taureau. Mais Léda n’est pas Pasiphaë. Ce n’est pas une de ces personnes beaucoup trop larges d’idées qui écrivent à leur amant : « Chéri magnifique ! » Léda ne tuera pas le taureau.