Page:Donnay - Autour du Chat Noir, 1926.djvu/123

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Elle y rencontre la courtisane Mélissa avec qui elle a fait ses études au séminaire de Lesbos et qu’elle n’a pas revue depuis. Mélissa arrive en effet de Corinthe où elle n’a pas fait ses affaires, ayant trouvé les Corinthiens aussi secs que leurs raisins, et elle est venue à Athènes pour faire fortune.

Un dialogue des courtisanes s’engage entre les deux amies. Leurs adorateurs s’éloignent par discrétion, car ce sont des jeunes gens parfaitement élevés qui savent que l’on ne doit pas rester là lorsque les dames causent entre elles.

— Je te trouve l’air très embêté, ô Phryné ! Pourtant les amants ne doivent pas te manquer, car tu es renommée dans toute la Grèce pour ta grande beauté ; et plus d’un riche marchand étranger doit rechercher la faveur de partager ta couche.

— Comme on voit bien que tu arrives de Corinthe, ô Mélissa ! Ne sais-tu pas, barbare provinciale, que je vais être jugée tout à l’heure ?

— Vraiment, ma chère ?

— Comme je te le dis, ma chère !

— As-tu donc commis quelque crime ?

— Oui, si c’en est un de conseiller à Léda de plumer Jupiter.

— Que veux-tu dire ? Je ne comprends pas tes paroles, ô Phryné.

— Tu vas les comprendre, ô Mélissa !… C’était au Chat Noir. On représentait les Amours de Jupiter et