Page:Donnay - Autour du Chat Noir, 1926.djvu/124

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de Léda, et j’ai conseillé à la femme de Tyndare de plumer le divin volatile.

— Ah ! voilà qui est fort athénien, en effet, mais irrévérencieux à vrai dire.

— À tel point, ô Mélissa, que je vais sans doute payer cher cette petite plaisanterie, et passer, comme j’avais celui de te le dire tout à l’heure, devant les juges de mon pays.

— T’es-tu munie au moins d’un bon avocat ?

— Je t’avoue que je n’y ai guère songé, car j’ai peu de confiance dans l’influence de ces hommes bavards et astucieux.

— En ce cas, c’est Minerve elle-même qui m’envoie vers toi ; car un seul homme, un seul, peut te tirer de ce mauvais pas. J’ai nommé l’avocat Hyppéride. C’est un garçon plein de talent et qui vient justement de plaider à Corinthe plusieurs procès sensationnels qu’il a tous gagnés d’ailleurs.

— Mais ne crains-tu pas, ô Mélissa, que cet homme de talent me sachant riche, ne me demande beaucoup de talents ?

— Ne crains rien de ce genre, ô Phryné. Hyppéride est avant tout amateur de la beauté, et le plus grand trésor que tu puisses lui offrir, c’est toi-même. N’as-tu pas remarqué, à ce propos, que nous autres courtisanes, nous sommes comme ces paysans qui ne donneraient pas une obole aux mendiants, mais qui leur laissent prendre sur leurs oliviers toutes les olives qu’ils veulent.