Page:Donnay - Autour du Chat Noir, 1926.djvu/52

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Comme une ivresse reposée,
Comme un rêve à peine conçu ;
Pour ne pas mouiller de rosée,
Toi, ta robe de fin tissu

Et moi, mon pantalon superbe,
Nous avions jeté nos manteaux,
Avant de nous coucher sur l’herbe
Où nous étions sentimentaux.

Les oiseaux, dans leurs chants de fête,
N’exigeaient pas qu’un sang impur
Abreuvât leurs sillons ; ta tête
Adorable reposait sur

Mon bras, et des senteurs berceuses
Confusément venaient à nous ;
Des bêtes, fines connaisseuses,
Grimpaient plus haut que tes genoux.

Tu riais ton rire sonore
Qui faisait rire les échos,
Et, dans tes fins cheveux d’aurore,
Tu mettais des coquelicots