Page:Donnay - Autour du Chat Noir, 1926.djvu/88

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Et, pour que dans la nuit calme que nous troublons,
Le vent des tristes soirs frôle tes cheveux blonds,

Accroche ton chapeau fait de dentelles blanches
Et, comme des fleurs dont s’étonneront les branches,

Hélène, accroche aussi l’écharpe dont tu ceins
Ta taille, et le corset qui captive tes seins.

Alors quand tu seras primitive comme Ève,
Nous entrerons tous deux dans la forêt de rêve.

Nous marcherons longtemps, le cœur gonflé d’espoir ;
Nous nous contemplerons, dans l’ombre, sans nous voir,

Et, tenant ta main douce, ô ma maîtresse nue,
Je te conduirai vers la clairière inconnue

Là, près de l’étang où voguent des cygnes blancs,
Aux bords fleuris d’iris parmi les joncs tremblants.

Sous la blême Phœbé qui rend spectraux les arbres,
Là, nous nous étendrons, muets comme les marbres