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Page:Donop - Commandement et obeissance, 2e edition 1909.djvu/45

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progressive, de la dernière armée de la France, qui se poursuit, jusqu’au jour du dénouement tragique, dont chaque jour, chaque heure, rapproche ces soldats valeureux et désarmés !

Pendant ce temps que faisaient les grands chefs, qui bientôt ne devaient plus commander qu’à des ombres ; le maréchal Lebœuf qui, quelques jours avant, était ministre de la guerre ; le maréchal Canrobert, le doyen, soldat d’Afrique, de Crimée et d’Italie, héros de Saint-Privat ? Ils assistaient, muets à la consomption de leurs propres forces. Bientôt il ne leur resterait plus qu’à implorer la pitié d’un ennemi qui ne les avait pas vaincus ; mais l’observation des sentiments hiérarchiques leur commandait une obéissance silencieuse et passive, tandis que le maréchal Bazaine, l’artisan unique de cette lente destruction, restait impassible, dans un repos que personne ne s’avisait de troubler.

Car, non, l’histoire ne le croira pas, il ne vint à l’idée d’aucun de ces chefs, qui n’avaient jamais connu la peur cependant, d’aller demander au maréchal ce que visaient ses projets, ce qu’il attendait pour agir, tandis que chaque jour diminuait ses forces ; ce qu’il comptait faire de l’honneur de ses troupes, de l’honneur et du salut de la France !

Cela eût, paraît-il, manqué de correction ; cela