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Page:Donop - Commandement et obeissance, 2e edition 1909.djvu/98

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teraient. Déchaînés au service du mal, ils agiraient avec plus de force et d’efficacité que le respect de la règle ne peut en assurer, en temps régulier et par des moyens réguliers, pour le maintien de l’ordre.

Firent-ils de l’ordre, le 18 fructidor, les soldats que conduisait Augereau, le futur duc ? Firent-elles de l’ordre, les commissions militaires du Directoire qui condamnèrent à être fusillés plus de prêtres que la Terreur n’en avait fait guillotiner ? Était-ce de l’ordre, le meurtre que quelques officiers perpétrèrent à Vincennes ? Était-ce de l’ordre, enfin, que firent les bataillons qui envahirent la Chambre le 2 décembre ? Non, c’était du désordre, ou des crimes, qui furent alors commis par des militaires qui étaient asservis à un pouvoir sans frein.

Mais avant qu’elle ne soit arrivée à ce point de décomposition, qui la rendrait prête à toutes les besognes, l’armée aurait cessé d’être l’armée nationale et d’être l’objet des préférences de la nation. Le pays se détacherait vite de ceux de ses enfants dont il était si fier ; il les négligerait ; et bientôt, épouvanté, il arriverait à les craindre, à les mépriser et à les maudire.

Déjà les familles, attristées par la vue du rôle qu’on impose à leurs enfants, commencent à envisager la carrière militaire d’un œil inquiet.