Ombragé d’un panache et caché sous des armes ;
C’est Adonis qui dort, protégé par ses charmes.
Armide l’apperçoit, jette un cri de fureur,
S’élance, va percer son inflexible coeur…
Ô changement soudain ! Elle tremble, soupire,
Plaint ce jeune héros, le contemple et l’admire.
Trois fois, prêt à frapper, son bras s’est ranimé,
Et son bras qui retombe est trois fois désarmé.
Son courroux va renaître et va mourir encore :
Elle vole à Renaud, le menace, l’adore,
Laisse aller son poignard, le reprend tour-à-tour ;
Et ses derniers transports sont des transports d’amour.
Que ces emportemens sont mêlés de tendresse !
Quel contraste frappant de force et de foiblesse !
Que de soupirs brûlans ! Que de secrets combats !
Que de cris et d’accens, qui ne se notent pas !
À l’ame seule alors il faut que j’applaudisse :
La chanteuse s’éclipse, et fait place à l’actrice.
Il échappe souvent des sons à la douleur,
Qui sont faux à l’oreille et sont vrais pour le cœur.
Quand de Psyché mourante au milieu de l’orage,
Arnould les yeux en pleurs me vient offrir l’image,
Et frémit sous la nue, où brillent mille éclairs,
Puis-je entendre sa voix, dans le fracas des airs ?
Page:Dorat - Œuvres diverses, Neuchatel, 1775.djvu/103
Apparence
Cette page n’a pas encore été corrigée