Page:Dorat - Œuvres diverses, Neuchatel, 1775.djvu/118

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De cette servitude affranchis une fois,
Plus sûrs de votre vol, créez-vous d’autres loix.
Lisez au cœur de l’homme : amour, fureur, délire,
Dans vos jeux animés il faut tout reproduire.
De chaque sentiment épiez les secrets,
Démêlez les ressorts, combinez les effets.
Inventeurs de cet art, et Pilade et Bathile
Nous ont assez appris combien il est fertile.
Dans l’action du corps puisant leur coloris,
L’un arrachoit les pleurs, l’autre excitoit les ris ;
Et loin du cercle étroit de cent mimes profanes,
Leurs gestes et leurs pas leur tenoient lieu d’organes.
Pour atteindre à leur palme et vous rapprocher d’eux,
Laissez la gargouillade et les pas hasardeux.
Que par l’expression vos traits s’épanouissent :
L’ame doit commander, que les pieds obéissent.
Un méchanisme vain suffit pour un sauteur ;
Mariez les talens du peintre et de l’acteur ;
Et prenant votre essor loin des routes tracées,
Dans vos pas, s’il se peut, enchaînez des pensées.
Mais, si vous prétendez aux immortels festons,
De masques odieux débarrassez vos fronts.
De chaque passion le turbulent orage
Avec des traits de feu se peint sur le visage :
On y voit le chagrin d’un crêpe se voiler,
Sourire le bonheur, la joie étinceler ;