Page:Dorat - Œuvres diverses, Neuchatel, 1775.djvu/121

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Le papillon s’envole avec moins de vîtesse,
Et pese plus que toi sur les fleurs qu’il caresse.
Te peindre, c’est louer ton émule divin :
Je place au même rang la nymphe et le silvain ;
Il partage l’honneur de ta palme brillante ;
Hippomene à la course égaloit Atalante.
Tous deux dans cette arene, où vous régnez sur moi,
Vous cueillez le laurier ; mais la pomme est pour toi.
Mon œil sur ces objets trop long-tems se repose ;
Muse, reprends le joug que Terpsichore impose :
Amans de la déesse, elle a choisi ma voix
Pour consacrer son art, et vous dicter ses loix.
Fuyez loin de ses yeux, pagodes vernissées,
Dans vos grouppes sans goût tristement compassées ;
Fuyez… qui vous donna le droit, le droit affreux
De venir dans leur temple effaroucher les jeux ?
Que la danse toujours annonce un caractere.
Qu’elle soit tour-à-tour noble, vive, ou légere…
M’offrez-vous des héros ? Modelez-vous sur eux :
Que vos pas soient précis, graves, majestueux.
Lorsque le grand Dupré, d’une marche hautaine,
Orné de son panache, avançoit sur la scene,
On croyoit voir un dieu demander des autels,
Et venir se mêler aux danses des mortels.