Page:Dorat - Œuvres diverses, Neuchatel, 1775.djvu/123

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Connoissez tous ces pas, tous ces enlacemens,
Ces gestes naturels, qui sont des sentimens ;
Cet abandon facile et fait pour la tendresse,
Qui rapproche l’amant du sein de sa maîtresse ;
Ce dédale amoureux, ce mobile cerceau,
Où les bras réunis se croisent en berceau ;
Et ce piege si doux, où l’amante enchaînée
À permettre un larcin est toujours condamnée.
Combien je vous regrette, ô tems, ô jours heureux,
Où dans les murs de Sparte, et dans ses plus beaux jeux,
Se partageant en choeurs, des vierges ingénues
Dansoient sans indécence, et dansoient toujours nues !
Que de secrets trésors dévoilés aux amours !
Quel charme arrondissoit tous ces légers contours !
À chaque mouvement que de beautés écloses !
Quels frais monceaux de lys, mêlés de quelques roses !
Que dis-je ! Aux yeux surpris de l’amant enchanté
La céleste pudeur voiloit la nudité.
Vous que Vénus instruit, qui, pour premiere étude,
Avez de tous ses jeux la savante habitude,
Surpassez ces tableaux, et sous le vêtement
Que l’amour exprimé frappe l’œil de l’amant.
Que vos illusions sur mes yeux se répandent ;
Je vous livre mon cœur, et mes sens vous attendent.
Là, par des mouvemens souples et négligés,
Par des balancemens avec art prolongés,