Page:Dorat - Œuvres diverses, Neuchatel, 1775.djvu/66

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Le desir d’imiter vous cache un précipice ;
Gardez de vous traîner sur les pas d’une actrice :
N’allez point copier tels gestes, tels accens,
Nous répéter sans goût des sons retentissans,
Et pour mérite unique, offrir à notre vue
Le méchanisme vain d’une belle statue.
Franchissez l’heureux terme, où le prix vous attend.
Libre, on perce la nue : on rampe en imitant.
Ô toi, dont les attraits embellissent la scene,
Toi, que l’amour jaloux dispute à Melpomene,
Séduisante Dubois, réponds à nos desirs ;
C’est assez sommeiller dans le sein des plaisirs.
Ose enfin te placer au rang de tes modeles,
La gloire te sourit et te promet des ailes :
Ose, et prenant ton vol vers l’immortalité,
Fixe par le talent l’éclair de la beauté.
Lorsqu’avec moins de crainte et moins de servitude,
Vous aurez du théatre acquis plus d’habitude ;
Quand le parterre enfin, ce lion rugissant,
Deviendra pour vous seule et souple et caressant :
Élancez-vous alors loin du sentier vulgaire ;
De votre art plus maîtresse, étendez-en la sphere.
Par de nouveaux moyens attachez nos regards.
Hasardez : le sublime a souvent ses écarts.
Par sa simplicité tantôt il nous étonne :
Tantôt, armé d’éclairs, c’est Jupiter qui tonne.