Page:Dorat - Œuvres diverses, Neuchatel, 1775.djvu/80

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Et comment on le quitte, en revenant toujours.
Évitez cependant une chaleur factice,
Qui séduit quelquefois, et vit par artifice ;
Tous ces trépignemens et des pieds et des mains,
Convulsions de l’art, grimaces de pantins.
Dans ces vains mouvemens qu’on prend pour de la flame,
N’allez point sur la scene éparpiller votre ame.
Ces gestes embrouillés, toujours hors de saison,
Ne sont qu’un froid dédale, où se perd la raison.
Un acteur a paru, plein d’ame et de finesse ;
Il sent avec chaleur, exprime avec justesse :
Pour briller, pour séduire, il a mille secrets,
Et créa des moyens qu’on ne connut jamais.
Transportant dans son jeu l’ivresse de son âge,
Il a su des amans rajeunir le langage,
Des rôles langoureux anime la fadeur,
Fait sourire l’esprit, et sait parler au cœur.
Aimez-vous mieux jouer et corriger ces êtres,
Automates brillans, qu’on nomme petits-maîtres ?
Portez la tête haute, ayez l’air éventé,
La voix impérieuse, et le ton apprêté.
Que votre œil clignotant, et foible en apparence,
Sur les objets voisins tombe avec indolence :
Que tout votre maintien semble nous annoncer
Qu’au sexe incessamment vous allez renoncer,