Page:Dorat - Œuvres diverses, Neuchatel, 1775.djvu/93

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Voyez-vous celui-ci, fier et bas à la fois,
Tristement abruti dans son faste bourgeois ?
Cet autre, embarrassé de sa vaine richesse,
Qui cherche en vain ses sens usés par la mollesse,
S’ennuie au sein des arts qu’il rassemble à grands frais,
Dîne, soupe, s’endort au son des clarinets,
A sa meute, sa troupe, et sur-tout sa musique,
Fatigue, tout le jour, son ame léthargique,
Et retombe le soir, en bâillant de nouveau,
Sur un lit d’édredon, qui lui sert de tombeau ?
Transportez à nos yeux la jeune courtisane,
Qui, fille de l’amour, le sert et le profane,
Avec grace sourit, intrigue savamment,
Désespere avec art et trahit décemment ;
Ce protecteur banal, entouré de Thersites,
Et qui pour ses amis compte ses parasites ;
Ou ce présomptueux, ivre de ses talens,
Qui regarde en pitié jusqu’à ses partisans,
Et d’un œil prophétique, où le dédain repose,
Dans les siecles futurs lit son apothéose.
Alors je cueillerai le fruit de mes leçons.
Qu’un Molière s’éleve ! Il naîtra des Barons.