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Page:Dorat - Œuvres diverses, Neuchatel, 1775.djvu/97

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D’un tableau sans effet bientôt je me détache ;
Je ne vois qu’un enfant caché sous un panache,
Et dont le foible bras, fidele à sa leçon,
Renverse avec fracas des arbres de carton.
En vain son œil menace, et sa main est armée ;
Je cherche le héros, et je ris du pygmée.
Par la seule raison mon esprit enchanté,
Cherche dans le prestige un air de vérité.
Pour nous rendre les traits d’Adonis ou d’Alcide,
Le genre de vos voix peut vous servir de guide.
Des sons frêles et doux seroient choquans et faux,
Dans la bouche du dieu qui gourmande les flots.
Ces organes sont faits pour briller dans des fêtes ;
C’est d’un ton foudroyant que l’on parle aux tempêtes.
Quand les vents déchaînés mugissent une fois,
Ils ne s’appaisent point avec des ports de voix ;
Et Jupiter-lui même, armé de son tonnerre,
Se verroit, dans sa gloire, insulté du parterre,
S’il venoit, s’annonçant par un timbre argentin,
Prononcer en fausset les arrêts du destin.
Mais c’est peu de la voix, c’est peu de la figure,
Si vous ignorez l’art d’achever l’imposture,
De parer ces présens, d’y joindre l’action,
Et cette vérité, d’où naît l’illusion.
Dans ce ressort trop dur mettez plus de mollesse :
Ces muscles trop tendus ont besoin de souplesse.