Page:Dorat - Œuvres diverses, Neuchatel, 1775.djvu/98

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La grace et la beauté d’un athlete vainqueur
Sont dans l’usage adroit de sa mâle vigueur.
Faites-vous, il le faut, une secrete étude
De chaque mouvement et de chaque attitude.
Instruits par la nature, apprenez à l’orner ;
Sur le théatre enfin sachez vous dessiner.
C’est par là que Chassé régna sur votre scene,
Et partage le trône où s’assied Melpomene.
Prête à favoriser vos utiles efforts,
La peinture a pour vous déroulé ses trésors.
Des grands maîtres de l’art consultez les ouvrages,
Voyez-y nos héros vivre dans leurs images.
L’un, pâlissant de rage, arrachant ses cheveux,
Semble frapper la terre, et maudire les cieux :
L’autre, plus recueilli dans ses sombres alarmes,
De son œil consterné laisse tomber des larmes.
Ici, c’est un amant, vengeant ses feux trahis :
Là, c’est un pere en pleurs, qui réclame son fils.
Dans sa noble fureur, voyez comment Achille
Est fier et menaçant, quoiqu’il reste immobile.
Quelle ame dans ce calme et quel emportement !
Chaque fibre, à mes yeux, exprime un sentiment.
Mais auprès de Vénus cherche en vain son audace :
La fureur disparoît, et l’amour la remplace.
Entre des bras d’albâtre à tout moment pressé,
Sur le sein qu’il caresse il languit renversé ;