Page:Dorat - Les Baisers, 1770.djvu/124

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Ah ! Dit l’un d’eux, accordons-lui sa grace ;
Il se repent, il jure, foi d’amours,
D’aimer Thaïs et de l’aimer toujours :
Est-il forfait qu’un tel serment n’efface ?
Une autre fois, me dit-il à voix basse,
Lorsque la nuit couvrira l’horizon,
N’affecte point une imprudente audace,
Et souviens-toi de garder la maison.
À mes regards la tienne se présente,
Ô ma Thaïs, le rémords m’y conduit :
Je viens m’offrir au courroux d’une amante :
Elle menace, et bientôt s’attendrit :
Ses yeux charmans où l’amour se déploie,
Parmi les pleurs étincellent de joie :
Son sein échappe aux voiles envieux,
Palpite et bat sous la main du coupable :
Nous étions seuls, j’étois plus amoureux,
Et ma Thaïs n’est point inexorable.
Je profitai d’un heureux abandon ;
Et, rassemblant tout le feu qui m’anime,