Page:Dorat - Les Baisers, 1770.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Il est vrai : tout me fait ombrage ;
L’oiseau qui vole à tes côtés ;
L’ormeau qui t’offre son feuillage ;
L’onde qui baigne tes beautés,
La glace où se peint leur image ;
Et même, excuse un tel aveu,
Quoique ton serin parle peu,
Je suis jaloux de son ramage.
Mais, chassons ces vaines frayeurs :
J’ai revu la retraite sombre
Qui, dans le secret de son ombre,
Voila tes premières faveurs :
L’amour y scella nos tendresses ;
J’y viens rêver à mes douleurs :
L’arbre témoin de mes caresses
Voit à ses pieds couler mes pleurs :
Je baise le gazon propice
Dont tes charmes ont approché,
Le sable où tes pas ont touché,