Page:Dorat - Les Baisers, 1770.djvu/135

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À ces filles de l’air qui sur la violette
Et l’œillet et le lis vont chercher leur butin.
Le souffle de ta bouche est comme une rosée
Qui court de veine en veine, enivre tous les sens,
Fait couler à longs traits dans mon ame embrâsée
Le délire, les feux, le nectar des amans.
Poursuis, poursuis ; encore une caresse,
Et je deviens immortel dans tes bras.
Mais ce titre n’est rien et ne me séduit pas,
Si ma flamme à son tour ne te change en déesse.

Ah ! L’immortalité ne sied bien qu’aux amours :
Sous la même couronne il faut qu’ils nous unissent ;
Si je ne vis pour toi, si nos plaisirs finissent,
Qu’importe, hélas ! Que je vive toujours.