Page:Dorat - Les Baisers, 1770.djvu/68

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Ce Mahomet, ce fou sublime,
Contre tous les périls armé,
Qui pour l’erreur et pour le crime
Avoit cru ce globe formé,
Auroit-il, conquérant austère,
Supporté l’ennui de la guerre,
Sans les baisers de ses houris,
Qui charmoient son ame inquiète,
Et, dans le sérail du prophète,
Réalisoient son paradis.
Mais des demeures fastueuses
Tu crains l’appareil imposant ;
Les passions trop orageuses
En bannissent le sentiment.
Ah ! Sur des lèvres altérées,
Et par l’ennui décolorées,
Voudrois-tu donc te reposer ?
Ces lambris dorés, cette estrade
Ces carreaux, ces lits de parade,
Sont l’épouvantail du baiser.