CHAPITRE II
LA POÉSIE ET LA VIE
J’ai voulu vous montrer d’abord par quel miracle
l’art des vers réalise pleinement et fixe éternellement
cette aspiration sublime de l’âme humaine, la Poésie.
Bientôt je commencerai, de cet art, à vous enseigner
les règles certaines et précises, tout en essayant de
vous communiquer en chemin, par la beauté des exemples,
l’instinct des lois mystérieuses qui ne peuvent
être réduites en formules et en préceptes. Aujourd’hui,
laissez-moi vous dire pourquoi j’ai entrepris
cet
ouvrage, et ce que j’en attends pour vous tous qui le
lirez, si vous voulez bien le lire avec l’attention,
avec
la piété que je saurai mettre à l’écrire.
J’en attends pour vous, ô mes chers lecteurs, et,
par surcroît, pour moi-même, un élargissement et un
ennoblissement,
une consolation,
une pacification,
une illumination de tous les jours de la vie. En quelque
obscurité de condition que le hasard vous ait fait naître,
à quelque médiocrité de fortune que vous vous
trouviez attachés, je vous promets,
— si, par l’initiation
à leur art, vous arrivez à comprendre, à pénétrer,
à vous assimiler pleinement le génie des poètes,
—je
vous promets de vous ouvrir des sources de joie, grâce
auxquelles plus d’un éclat vous paraîtra pâle et plus