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NOTICE

Lacaussade et d’Hippolyte Valmore, la belle édition Lemerre en trois volumes, précieuse d’être à peu près complète, mais inabordable au public le plus nombreux. Au reste, d’un poète de pur instinct, sans art conscient, et qui n’atteignait la perfection formelle qu’aux heures d’inspiration transcendante, un si grand nombre de pages ne saurait survivre. Il fallait que, de tant de poèmes périssables, les immortels fussent dégagés. C’est ce que nous avons tenté de faire, avec la pensée que ces chefs-d’œuvre pourraient ainsi répandre pour la première fois, non plus seulement sur quelques privilégiés, mais sur la multitude des âmes, la contagion de l’amour, de la pitié, de la miséricorde et du courage qu’y avait naguère enfermés une âme sublime.

La vie de Marceline est aussi émouvante que ses livres, avec lesquels elle se confond, d’ailleurs, tant ils en sont l’expression directe et frémissante. Nous la lui ferons, le plus possible, conter à elle-même, en nous servant de ses vers, des quelques notes en prose qu’elle a laissées, enfin de cette admirable correspondance intime que M. Benjamin Rivière a publiée, et que M. Arthur Pougin a complétée par les nombreuses lettres qui suivent son étude sur la Jeunesse de Marceline Desbordes-Valmore.

Marceline naquit à Douai, le 20 Juin 1786, dernière des sept enfants de Félix Desbordes, peintre doreur en armoiries, équipages et ornements d’églises. La maison, qui existe encore, au n° 32 de la rue de Valenciennes, avec sa petite niche au dessus de la porte, où il y avait autrefois une statue de la Vierge, était attenante au cimetière de l’humble paroisse Notre-Dame :

L’église, en ce temps là, des vertes sépultures
Se composait encor de sévères ceintures
Et, versant sur les morts ses longs hymnes fervents,
Au rendez-vous de tous appelait les vivants.
C’était beau d’enfermer dans une même enceinte
La poussière animée et la poussière éteinte ;
C’était doux, dans les fleurs éparses au saint lieu,
De respirer son père en visitant son Dieu.