Page:Dorgelès - Le Cabaret de la belle femme.djvu/25

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Avant d’entrer, il se retourne et, agitant triomphalement sa casquette, il beugle :

— Au revoir, les copains !… Pas de poireau pour les légionnaires… À Berlin… Vive la Légion !…

Une acclamation lui répond. La porte claque… Cela en fait toujours un…

À chaque coup de vent, les arbres s’ébrouent et un peu de pluie chantonne dans le ruisseau. Sur la chaussée, toutes les flaques d’eau reflètent du ciel, le ciel très pur d’après l’ondée.

— Quatre ans, grommelle un homme d’une voix pâteuse…

Celui-là n’a guère quitté le bistrot. Les jambes molles, la tête basse, laissant pendre ses deux mains inutiles, il médite confusément. Sa moustache poisseuse tache sa bouche ; il doit faire un effort pour nous dévisager de son œil trouble, le professeur et moi.

— Il veut partir pour quatre ans, reprend-il de sa voix avinée. Quatre ans… Sûr et certain que ce copain-là est fou…