Page:Dorian - Inconnu, paru dans Gil Blas du 3 au 7 mai 1904.djvu/16

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trompé de route, étant donnée la quantité de mouvements exécutés par les groupes de la Mission, dans le but évident de le dépister.

Le lieutenant Meynier, qui l’accompagne, pourrait seul le dire, mais il n’a jamais voulu parler.


L’assassinat du 14 juillet


Ce n’est que le 14 juillet à six heures du matin, que le colonel arrive en vue de Dankori. Le capitaine Voulet vient à peine de quitter ce village. Il y a laissé des cavaliers chargés de le prévenir, ce qu’ils font bride abattue.

Il vient d’être renforcé par deux sections d’auxiliaires envoyées du camp de La Mare par le capitaine Chanoine.

Le capitaine Voulet renvoie alors immédiatement deux autres cavaliers porter une lettre au colonel, et il s’arrête résolument sur une petite crête, pour surveiller la direction par laquelle doit arriver son chef.

Là, il réunit ses hommes et leur dit « que le colonel vient pour les mettre tous en prison, qu’on veut tous les punir, et qu’il va l’empêcher de leur faire du tort. « Il vient pour nous voler et nous empêcher d’aller au Tchad. »

« Celui des hommes qui n’obéira pas, ajoute-t-il, sera tué immédiatement par moi ! »

Un silence profond est la seule réponse. Il semble que ces sauvages, ces irréguliers, viennent d’avoir comme la notion vague du forfait qui va s’accomplir. Dans ces cerveaux rudimentaires semble se réfugier à cette heure toute la civilisation.

C’est l’Européen qui est devenu le sauvage.

Pendant ce temps, le colonel continue à avancer lentement et résolument.

Deux cavaliers reviennent à toute vitesse pour avertir le capitaine Voulet.

La petite troupe du colonel quitte la grand’route et s’avance à travers champs, droit sur la gauche du détachement Voulet.

Apercevant ce mouvement, le capitaine fait prendre le pas gymnastique aux auxiliaires et se porte rapidement sur la nouvelle direction suivie par le colonel.

Arrivé à sa hauteur, il arrête ses hommes, leur fait faire un à-droite et se trouve ainsi en ligne déployée, perpendiculairement à la route suivie car le petit groupe, d’avant-garde formé