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VENGEANCE FATALE

le désir de ce dernier était-il prêt de se réaliser, mais non pas selon sa prévision.

Puivert reprit alors : Si M. Lesieur aime mademoiselle Mathilde autant que vous paraissez disposé à le croire, et que de son côté celle-ci n’a pas d’antipathie marquée contre ce jeune homme…

— Hé bien ? fit Darcy.

— Peut-être qu’en accordant votre fille à Lesieur vous l’amèneriez dans votre camp.

Darcy ne fit que sourire. Cet homme ne croyait plus évidemment à la vertu chez les autres. Il se figurait tout le genre humain fait à sa propre image.

— Cela ne changerait rien, répondit-il. Si Mathilde et Lesieur s’aiment réellement, ils finiront pas se marier, quand même Lesieur aiderait Hervart dans cette lutte. Toi, Puivert, tu n’as jamais aimé la femme d’un véritable amour ; c’est pourquoi tu ne connais pas la force de la passion. Lors même que Lesieur se teindrait de mon sang, ce qu’il ne fera pas, Mathilde ne l’en aimerait pas moins et elle ne manquerait pas de trouver d’excuse pour ne point rompre avec lui. Quant à Lesieur, je ne me sens pas d’avis à lui faire des ouvertures, car je n’ai aucun doute qu’il restera fidèle à son ami.

Le fermier fit entendre un léger soupir.

— Mais enfin, à quoi voulez-vous en venir ? demandait-il à Darcy.

Cette question ramena ce dernier à lui-même. Il réfléchit quelque peu, puis il exprima son opinion comme suit :

Il vaut mieux en finir sans retard avec ces gens-là. Tu vas aller prévenir tout de suite Marceau de se