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VENGEANCE FATALE

Au bruit du tocsin, huit cents hommes se trouvèrent réunis ; mais tous n’étaient pas armés. Il n’y avait environ que cent-vingt fusils, bons ou mauvais. Ces hommes étaient tous venus des paroisses avoisinantes. Un grand nombre, qui se trouvaient sur la rive opposée à St-Denis, traversèrent dans des embarcations, qui s’enfonçaient dans l’eau sous le poids des combattants.

Parmi ces gens qui combattirent à St-Denis et dont le courage et le dévouement à la patrie firent des héros, il faut remarquer le capitaine Labossière, de Contrecœur, armé seulement d’un long pistolet. C’était un bel homme, gros et grand, bien fait et d’une grande force musculaire.

Il arriva un des premiers à St-Antoine, et traversa aussitôt à St-Denis.

— Tonnerre ! disait-il en regardant son grand pistolet, je n’ai pas de fusil, moi, mais j’ai assez de mon pistolet. C’est lui qui va en faire de la besogne, n’est-ce pas, Marguerite ? Vous ne comprenez pas ce que je veux dire, vous autres, ajoutait-il en s’adressant aux patriotes, quand je parle de Marguerite, mais je vais vous expliquer cela. Sachez d’abord que mes deux meilleurs amis sont Charlotte et Marguerite ; Charlotte c’est ma bouteille, Marguerite mon pistolet. Jusqu’ici j’avais toujours aimé l’un autant que l’autre, mais je crois qu’aujourd’hui je préfère Marguerite.

— Tant mieux, dirent les autres, Marguerite ne manquera pas de faire son devoir !

— Ah ! pour ça, y a pas de saison, soyez sûrs que Marguerite fera son devoir ; ce qui ne m’empêchera pas bien entendu, de goûter à Charlotte de temps en temps.