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VENGEANCE FATALE

Pour toute réponse les patriotes poussèrent un hourra formidable.

Cependant le combat était commencé à St-Denis. Le docteur Nelson commandait nos braves canadiens. Il s’était enfermé avec eux dans une grande maison de pierre qui leur servait de forteresse. En même temps l’artillerie anglaise ouvrait un feu meurtrier contre ces troupes improvisées. Au premier coup de canon, cinq hommes tombent morts.

À cette vue les combattants de Nelson sont stupéfaits et leur ardeur commence à se ralentir. Mais celui-ci, les manches de sa chemise retroussées, se fraye un passage au milieu d’eux.

« Ho donc ! mes amis, s’écrie-t-il, ce n’est rien ; à la guerre comme à la guerre ! Continuez votre feu. » Et lui-même recule les morts, et ne craint pas de s’exposer au danger.

Ce courage ranime l’ardeur des patriotes.

Peu de temps auparavant, les anglais avaient essayé de s’emparer d’une distillerie, défendue par une quinzaine de Canadiens. Voyant le peu d’effet de l’artillerie et de la mousqueterie, le colonel Gore avait ordonné au capitaine Markham de l’emporter d’assaut. Mais Markham y fut blessé, et après des efforts inutiles, les Anglais durent reculer devant le feu de leurs adversaires.

Pendant ce temps, les gens traversaient toujours de St-Antoine.

Les Anglais, inquiets, pointèrent un canon sur un grand bac, qui contenait près de deux cents combattants, et le boulet passa si près du bateau, qu’en tom-