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VENGEANCE FATALE

— Tu verras qu’il n’y a pas de ma faute ; en effet j’arrive du théâtre. Mais dis-moi donc comment tu as fait pour entrer, la concierge ne demeure jamais après neuf heures et demie.

— Quand j’ai frappé à sa porte, il était à peine neuf heures. Je te demande ; on me dit que tu es sorti et que tu ne rentreras probablement pas avant minuit. Je ne tenais aucunement à attendre seul pendant trois heures. « Je reviendrai tantôt, dis-je à la concierge. »

— Mais il n’y aura personne pour vous ouvrir la porte, car je m’en vais à l’instant même.

— Il y va d’un écu pour vous si vous m’attendez jusqu’à ce que je revienne.

Très bien, alors, j’attendrai.

Je sors donc. À peine dehors je fais la rencontre de quelques amis et sans m’en apercevoir, voilà bientôt deux bonnes heures que nous flânons ensemble. Je suppose qu’il est temps pour moi de rentrer au logis ; j’y retrouve la concierge qui m’ouvre la porte et que je renvoie très satisfaite, après lui avoir donné la récompense promise. Voilà, mon cher, comment je suis installé chez toi sans plus de façon.

— Tu ne pouvais mieux faire. Depuis quand es-tu à Montréal ?

— Je suis arrivé ce soir à sept heures et demie.

Pierre apporta du tabac et, tous deux, ayant allumé une pipe, causèrent encore quelques instants, après quoi Louis invita Ernest à prendre du repos.

— Mais es-tu fatigué ? demanda ce dernier à son ami. Quant à moi, tu sais que je n’ai point pour habitude de me coucher de bien bonne heure.