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Page:Dorion - Vengeance fatale, 1893.djvu/37

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VENGEANCE FATALE

— Oh ! je n’ai pas oublié nos veillées de Québec, mais je pensais qu’après ton voyage tu aurais peut-être besoin de sommeil.

— Mais pas le moins du monde, et d’ailleurs tu sais que pour peu que la lassitude me gagne, je me retire sans attendre de permission.

Et ils causèrent jusqu’à une heure avancée de la nuit.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Par ce que nous venons de raconter, le lecteur a pu voir qu’une grande intimité existait entre Louis et son ami Ernest.

Cette amitié datait de plusieurs années et elle avait pris racine dans le cœur des jeunes gens, alors qu’ils étaient au Séminaire de Québec, où tous deux avaient fait leur cours d’études. Ils étaient dans la même classe et devaient ainsi se trouver, en même temps, prêts à faire le choix d’une profession après leur sortie du collège. Louis se décida pour l’étude du droit, et Ernest pour la médecine. Ils demeurèrent une couple d’années à Québec, toujours unis par leur ancienne amitié qui ne faisait que s’accroître, quoique d’un caractère assez opposé. Ernest aimait beaucoup plus les plaisirs que son ami et était plus léger que lui ; Louis, au contraire, était plus sérieux qu’Ernest et apportait plus d’ardeur au travail que ce dernier. Quelquefois s’il voyait son compagnon de chambre trop adonné à la paresse, il lui faisait des remontrances plus ou moins sérieuses. Celui-ci l’écoutait, puis après la semonce finie : je travaillerai mieux à l’avenir, répondait-il. Mais alors le sévère étudiant ne devait pas regarder Ernest bien en face, car ce der-