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VENGEANCE FATALE

avait été désertée par une grande partie du public, qui avait reconnu que le péril était principalement de ce côté, et le nombre des victimes innombrables que pouvait causer la chute de ce mât fut diminué de beaucoup.

Revenons maintenant à Darcy et à ses deux filles.

On comprendra facilement qu’Hortense voulût attendre quelque temps son fiancé, étant sous l’impression toute naturelle qu’il avait dû être entraîné loin d’elle par quelque rencontre ou obstacle inattendus, mais qu’il ne tarderait pas à la rejoindre. Ernest était aussi de cet avis, mais Darcy s’y opposa.

— Quel danger peut donc menacer M. Hervart ? fit-il d’une voix dure. Le péril n’est pas pour lui, mais bien pour nous, si nous attendions trop longtemps.

— M. Darcy a raison, fit Ernest à son tour, Louis saura bien se tirer d’affaires.

On se rendit donc chez M. Darcy sans plus s’occuper de l’étudiant en droit ; il n’y avait qu’Hortense, laquelle, s’exagérant le danger auquel son bien-aimé pouvait être en proie en ce moment, conservait une figure où la crainte se mêlait à l’inquiétude.

Ernest accepta l’invitation qui lui fut faite d’entrer.

On parla surtout de l’incident de la soirée dont nos héros ignoraient cependant, à cette heure, les principaux détails. Hortense y mêlait souvent le nom de son fiancé.

Seul, Darcy était impassible.

Le silence paraissait vouloir gagner tous les membres réunis dans cette société, quand on entendit la pendule sonner onze heures.

— Onze heures ! s’écria Hortense, et Louis qui n’arrive pas !