Thea Racovitza reparut. Elle menait avec elle un jeune Anglo-Saxon blond et svelte, vêtu d’une longue mante rouge qui faisait à sa tête pâle un décor curieux.
L’Italienne enleva le vêtement de l’adolescent muet et le médecin vit un corps magnifique, à peau rosée, où les muscles longs et fermes jouaient avec précision, sans pourtant arriver à ce détachement de certains hommes puissants qui semblent des écorchés. Les jambes longues et solides avaient surtout une grâce étonnante. De Laize demanda à la femme, en allemand :
— Parle-t-il votre langue ?
— Non !
— Eh bien ! il est épatant. Et avec cela pudique. On dirait l’Apollon tueur de lézards.
— J’y pensais, dit-elle. Mais ne vous fiez pas à sa pudeur. Si vous voulez la mettre à l’épreuve ?…
— Comment ?
Elle fit le geste de se retourner et de tendre la croupe.
— Ah ! non, Thea ! Vous peut-être ?…
— Moi !… Vous êtes criminel, docteur !…
— Oh ! ne faites pas votre prude !…
Elle éclata de rire.
— Et vous, ne faites pas votre débauché ! On sait bien que vous ne pouvez jouir qu’en croyant avoir avec vous une petite fille de votre pays qui a mal tourné.
Il se renfrogna.
— Thea, vous manquez aux convenances. Remportez votre giton, ajouta-t-il. Je n’en veux plus, ni de vous.