Page:Dormienne - Les Caprices du sexe.djvu/22

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Il n’y eut plus que des soupirs et des petits cris étouffés, avec un souffle accéléré qui finissait par sembler un râle d’agonie et dont Louise se demandait la raison. Si elle avait eu une lampe électrique, elle en aurait, pour satisfaire sa curiosité aiguë, lancé la lumière sur le groupe qui se tordait, si près, avec des gémissements croissants.

Mais le hasard la servit. L’endroit était en retrait, dans la grande allée menant à la porte centrale et au grand escalier du château. L’automobile du marquis, arrivant par le chemin opposé, celui qui mène à Tours, s’entendait au loin. Elle fut vite là et, d’un coup de volant, s’arrêta de telle sorte que les phares, à travers les arbres, éclairèrent le couple en plaisir.

Certes, les deux amants ne s’y attendaient pas. Aussi, bien que du château personne ne pût les voir, ils furent prodigieusement ahuris. Le bain de lumière les fit se séparer net. Mais Louise eut le temps de les voir une seconde dans l’accouplement qui les faisait délirer de joie interjective. La femme, assise sur l’homme, lui étreignait les hanches de ses jambes nues. Tous deux se faisaient face et échangeaient de brûlants baisers. Lorsqu’ils se disjoignirent, Louise aperçut la virilité de son cousin, effilée et mince, très différente du membre d’âne que portait le campagnard. Cette vision ne dura qu’un éclair, car le couple s’enfuit rapidement à la recherche d’un coin obscur, pour achever en paix sa jouissance.

Ainsi il y avait bien, comme disent les livres, diverses postures capables de donner du plaisir. Celle-ci semblait plus galante et moins animale que la première. Il vint donc à l’esprit de la jeune fille cette idée que la variété des positions devant l’unité de la sensation cherchée dût prouver l’insatisfaction obstinée des amoureux. Et la curiosité lui soufflait déjà le désir de tenter les divers modes de cet acte générateur de volupté.