Page:Dormienne - Les Caprices du sexe.djvu/21

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Entre deux arbres, il y avait un banc de gazon. L’obscurité était trop grande pour qu’on pût voir ce qui s’y accomplissait, mais Louise devina…

Un de ses cousins, vivant au château depuis un mois, devait, à deux pas, accoler une chambrière.

La jeune fille venait de voir par quelles routes une femelle douée d’un tempérament ardent, et sans doute insatisfaite, parvient pourtant à se satisfaire. Les deux paysans de tout à l’heure cessaient donc de lui sembler les victimes d’un hasard lascif. En vérité, la femme avait dû combiner l’affaire avec soin. Sans doute, dans l’intimité du domicile, le mâle aurait-il été plus rétif. Il avait fallu un jeu de circonstances saisissantes, la nuit tombante, la mélancolie du crépuscule et l’excitation des mots, complétées par le geste provocant d’une main lubrique, pour donner à la femme une sorte de droit sur son compagnon.

Toute cette comédie avait peut-être un sens en quelque façon ésotérique, ouvrant sur les perspectives de la psychologie sexuelle des aperçus vastes et puissants.

Louise de Bescé, cependant, écoutait les chuchotements des deux amoureux s’étreignant sur le banc de gazon. Avec une petite voix de tête, la femme disait :

— Non ! Je ne veux pas.

L’homme, le souffle court et la voix déjà rauque, répondait :

— Mais si… mais si…

De quoi s’agissait-il ? Louise allait-elle voir là une nouvelle scène complétant celle de la terrasse ? La voix mâle reprit :

— Tiens… tu vois… ça y est !…

Rien ne répondit qu’une sorte de gémissement.