Page:Dormienne - Les Caprices du sexe.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— La poésie est une des rares choses qui aident à vivre. Je vous assure que sans elle je ne trouverais pas à l’existence l’attrait nécessaire pour mes travaux.

— Ces travaux ne vous garderont pas toute votre vie, Jacques, et la poésie émousse ses émotions. Comment ferez-vous ?

Il se pencha sur elle :

— J’espère en l’amour.

Elle rit encore :

— Voyons, Jacques, depuis notre enfance que nous nous connaissons, il est convenu que nous ne nous cacherons rien.

— Vous devez voir que je ne vous cache rien, Louise. À la troisième phrase je vous fais une déclaration.

Elle hésita, un peu émue, puis se contraignit à répondre :

— Et vous voulez me faire croire, étant, par métier, obligé à vivre parmi les pires maladies, les mourants et même les cadavres, que vous pouvez songer à la poésie et à l’amour ? Tout cela est pure fantaisie.

Le jeune docteur ne répondit pas à la question, mais après un moment de silence, il reprit :

— Louise… vous souvenez-vous qu’à dix ans je vous nommais cousine ?

— Oui ! Si cela vous est agréable, reprenez ce mot.

Jacques eut, au fond de son cœur de mâle ardent et robuste, le sentiment d’un triomphe. Cette enfant était en ses doigts comme un oiseau.

— Eh bien ! cousine…