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Page:Dormienne - Les Caprices du sexe.djvu/34

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droits sur le trône de Hongrie et d’autres sur celui de Bohême, mais qui, au demeurant, vivait jusqu’à son mariage gueux comme Job, dans un hôtel meublé de la rue Fontaine. Nul n’ignorait que Julia de Spligarsy fût la maîtresse en titre de César-Zani-Claude-Georges Timo de Bescé, frère aîné de Louise. Depuis le mariage avec Zanipola Dandolo, en effet, les aînés de Bescé, outre le Timoléon abrégé, portaient le nom vénitien de Zani. Au titre de maîtresse d’un aîné chez les Bescé, Julia passait au rang de parente. Avec Louise, elles se nommaient donc ironiquement « belle-sœur ». Or, la juive était venue, se croyant bien seule, dans le massif feuillu, où, invisible, le fauteuil de Louise justement s’insérait.

Soudain, Zani de Bescé vint auprès de sa maîtresse. C’était un grand jeune homme très maigre et très beau, sauf déjà, à vingt-cinq ans, de profondes rides sur un front lourd. Il s’assit près de Julia Spligarsy. Tous deux conversèrent un instant, puis, Louise vit sa « belle-sœur » porter, comme la paysanne de l’après-midi, la main à la partie secrète du corps masculin. Elle l’introduisit dans la braguette et s’immobilisa. On voyait seulement les doigts soulever doucement l’étoffe.

Louise de Bescé regarda ce spectacle, qui complétait mondainement une documentation plus vulgaire. Évidemment, les gestes ici s’attestaient délicats et harmonieux, mais en somme n’était-ce pas la même chose qu’avec les rustauds ?

Eh bien ! non, ce n’était pas la même chose, car la fine main blanche étincelante de brillants ne sortit point l’organe. Elle le mania avec délicatesse sous l’étoffe, puis, à certain moment Zani murmura d’une voix calme :

— Mets ton mouchoir !…

Julia de Spligarsy retira sa main et prit un mouchoir de dentelles dans son corsage. Elle l’introduisit dans la culotte et recommença son manège. Une demi-minute après, Louise vit le bras devenir immobile. La femme avait un air attentif et avide-