Il semble difficile, qu’après de tels aveux, un doute subsiste, dans des esprits, même prévenus, sur la sensibilité que Leconte de Lisle mura derrière une froideur volontaire. Mais pour estimer à son juste prix la qualité de cette sensibilité-là, il suffira de préciser, tout d’abord, l’idée que le poète se formait de l’amour, puis de suivre l’homme à travers les épisodes de sa vie passionnelle.
Il serait imprudent de prendre au sérieux les déclarations d’un enfant de vingt ans qui se dit « affranchi du joug de l’amour ». Il convient pourtant de noter l’attitude que Leconte de Lisle, alors étudiant à Rennes, affectait sur ce sujet du sentiment. Dans une lettre adressée à un de ses amis, accompagnant une poésie écrite en l’honneur d’une jeune fille, il disait :
« Ne croyez pas, mon cher, qu’un sentiment plus profond — l’amour enfin — soit pour rien dans ces vers. L’amour et moi, voyez-vous, c’est de l’eau sur une pierre, elle peut la mouiller mais ne la pénètre jamais. À vous l’amour, mon ami, c’est-à-dire toutes les illusions que la femme laisse flot-