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ESSAI SUR LECONTE DE LISLE

« copiait de sa main ses manuscrits et leur mettait des rosettes de satin pour les expédier à tous les souverains d’Europe qui, en retour, le couvraient de plaques. »

L’histoire littéraire doit cependant relater que le nom de Leconte de Lisle est inscrit sur la dernière liste des Croix de la Légion d’Honneur, que le régime impérial a publiée avant sa chute[1].

Leconte de Lisle, qui n’avait fait aucune démarche pour obtenir cette nomination, n’en tint pas compte. Ce fut seulement lorsqu’elle fut ratifiée par la République, qu’il porta le ruban rouge[2].

Par contre, le poète avait estimé qu’il accomplissait une sorte de devoir en se présentant à l’Académie Française. Dès 1873 il s’était mis sur les rangs. Sa candidature ayant échoué, il revint à la charge en 1877[3] : Son succès ne fut pas meilleur. Il est vrai qu’il put se consoler en lisant ce billet que Victor Hugo lui adressait au lendemain de l’échec :

« Mon Éminent et cher Confrère… Je vous ai donné trois fois ma voix, je vous l’eusse donnée dix fois… Continuez vos beaux travaux et publiez vos nobles œuvres qui font partie de la gloire de notre temps… En prééence d’hommes tels que vous, une Académie et particulièrement l’Académie Française, devrait songer à ceci : qu’elle leur est inutile, et qu’ils lui sont nécessaires…[4] »

  1. On retrouve, en effet, dans les papiers personnels du poète, un document de taille et de format officiel portant l’en-tête du Ministère de l’Instruction publique, datée du « Palais du Louvre », 9 août 1870, et qui dit : « Monsieur, j’ai le plaisir de vous annoncer que par décret de ce jour, rendu sur ma proposition, S. M. l’Impératrice Régente vous a nommé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur. Recevez… etc. »… signée : « le Ministre, Maurice Richard ».
  2. La nomination de Leconte de Lisle comme Officier de la Légion d’Honneur, date du 13 juillet 1883, signée par Jules Ferry, Président du Conseil, Ministre de l’Instruction Publique.
  3. Le Père Gratry fut, en 1873, le concurrent heureux de Leconte de Lisle. En 1877, à la mort d’Autran, Leconte de Lisle échouait contre Victorien Sardou.
  4. 9 juin 1877.