jourd’hui, de la Lumière éternelle, dans laquelle, selon ses convictions, le grand poète doit être allé se fondre, sans s’y dissoudre. »
D’autre part, le discours de Dumas contenait une prophétie que, dans une certaine mesure, l’événement, a justifiée. Il prévoyait que Leconte de Lisle approchait de l’heure, où, sa vie, si longuement traversée par d’ardentes luttes littéraires, politiques, et par de grandes douleurs, s’éclairerait ; où, « il s’apaiserait et sourirait dans sa gloire »; où, il deviendrait « plus indulgent aux autres, à soi même, et à la destinée » :
« La mort, conclut Dumas, la mort a du bon. Mais l’homme lui préférera toujours la vie, pour commencer. À ce point que l’espérance que nous avons, d’être éternels dans un autre monde, n’est peut-être faite, pour beaucoup, que du désespoir de ne pas l’être dans celui-ci. Toutes nos doléances à ce sujet, aboutissent finalement à la fable de La Mort et le Bûcheron du Bonhomme La Fontaine, — philosophe pour enfants, à qui nous revenons, quand nous sommes vieux, — dont la philosophie est peut-être la seule qui soit à la mesure de l’homme, et à laquelle il me semble, M. Leconte de Lisle, que vous commencez vous-même à faire retour Et la preuve, c’est que nous vous voyons là, vivant, grâce à Dieu, et même Immortel, — Immortel comme nous le sommes tous ici. Je ne vous garantis pas davantage ! — Durant cette immortalité mutuelle, nous nous efforcerons de vous faire aimer la Vie, pour que vous puissiez, écrire longtemps encore, de beaux vers, sur la Mort. Et vous verrez que cette vie a quelques bons moments, comme celui-ci par exemple, où j’éprouve une joie véritable à honorer publiquement, tout en le controversant un peu, un homme d’un grand talent et d’un beau caractère. »
Les sept années, durant lesquelles, le sort, qui avait été si implacable au poète au début de sa vie, lui permit de goûter, en paix, les douceurs de la gloire, eurent, ainsi que l’avait prédit Dumas, une influence heureuse sur le cœur de