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L’INDE

sien ». Le Rig-Véda — Livre des Hymnes — est probablement le plus ancien, en tous les cas le plus digne d’admiration, de ces recueils religieux.

Une traduction de ces poèmes parut en 1848. Leconte de Lisie s’en empare. Il lui emprunte un hymne en l’honneur de Sûrya, c’est-à-dire du soleil, et une pièce lithurgique : La Prière védique pour les Morts.

Le poète français a puisé dans les mille dix-sept hymnes, du Rig-Véda, tous consacrés à la gloire du Soleil, les traits qui lui paraissaient les plus propres à caractériser le Dieu. C’est l’occasion d’admirer ici, une fois de plus, la passion d’ordre et d’harmonie, qui fait partie du génie de Leconte de Lisle et qui, se traduit par une netteté de la pensée, une précision de l’image dont les poètes hindous n’ont jamais eu l’idée. Le mot le plus exact qu’on puisse employer ici, c’est de dire que Leconte de Lisle a « butiné » les splendeurs dont fourmillent ces Hymnes, il les a clarifiés, il en a fait son miel[1].

Dans le second poème emprunté au Rig-Véda : La Prière védique pour les Morts, Leconte de Lisle a cristallisé, le sens de trois hymnes funèbres, et d’un chant en l’honneur des mânes des ancêtres. Le poète français a voulu mettre en lumière quels furent, devant la mort, les sentiments des plus vieux des hommes dont nous connaissions la pensée.

    d’autre part comme le récit allégorique d’un événement historique dont les conséquences ont été considérables : la conquête de l’Hindoustan par les Aryens. Leconte de Lisle fut tenté cette fois par le désir de mettre en lumière les similitudes des légendes dont l’humanité vit et dont l’étude réduit à leurs justes proportions la vanité de ceux qui voudraient dater d’eux-mêmes l’histoire de l’homme et de la pensée.

  1. « … En composant un hymne au Soleil, Leconte de Lisle nous a transportés à l’origine de la mythologie védique, alors, que tant de dieux qui, plus tard devaient se distinguer, n’étaient encore que des noms ou des aspects différents du même Dieu soleil. Son « hymne » si l’on peut dire, est ainsi, un hymne « pré-védique ; » la religion védique y apparaît dans ses conceptions premières ». J. Vianey : Les Sources de Leconte de Lisle.