tion bouddhique, opposée à l’idée que se faisaient, de la métaphysique indienne, les hommes de son temps. Ils la croyaient toute de nihilisme et d’anéantissement, tandis que Brahma commandait ainsi : « Levez-vous !… L’action est nécessaire ; il est utile de coopérer au mouvement de la vie, de donner de grands exemples… mais tandis que le vulgaire et l’ignorant ne voient que leur œuvre, le sage ne se laisse ni troubler ni limiter par elle. Il l’accomplit avec simplicité et désintéressement… dans le triomphe même il demeure tranquille. Sans espérance, comme sans souci pour toi-même, combats et n’aie point de tristesse.[1] »
Que devient, après cela, le jugement que Barbey d’Aurevilly a porté sur la pensée de Leconte de Lisle en même temps que sur la métaphysique indienne quand il a écrit : « La métaphysique indienne retient Monsieur Leconte de Lisle par son vide même, ce nihiliste naturel.[2] »
En face de ces négations, de ces ignorances, Leconte de Lisle eut à cœur de rendre visible, aux yeux de ses contemporains et des générations nouvelles, le rêve qui hantait les adorateurs de Brahma, — personnalité divine et bienveillante qui n’a « ni commencement ni fin » ; qui d’âge en âge, se refait créature « lorsque la justice languit » ; et dans laquelle, à la fin, le fidèle bienheureux se fondra. Alors, il se sentira « un » avec son Dieu, et, comme les fleuves, perdent leur nom et leur forme propres pour s’écouler dans l’Océan, ainsi lui-même il disparaîtra en Brahma.
Devant la netteté de pareilles interprétations, il devient évident que ce Dieu là est le Grand Tout dont la religion se précise, et, du coup la trame du poème de Leconte de Lisle, Bhagavat, s’éclaire.