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Page:Dornis - La Sensibilité dans la poésie française contemporaine, Fayard.djvu/330

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LA POÉSIE FRANÇAISE CONTEMPORAINE

nouvelle distincte tout ensemble du tragique conventionnel et du faux lyrisme, une fable ingénieusement disposée pour l’expression non d’une thèse, mais d’une idée, ou de plusieurs idées.

D’autre part, si élevé qu’il fût, et clair en somme avec un peu d’application à l’entendre, le Théâtre de rame, de M. Schuré, n’a pas davantage paru propre à être accepté sur une scène. On a discuté si l’histoire « subHmisée » qu’il enferme dans des vers, va plus loin que le poème wagnérien dans l’effort à fixer l’insaisissable, on n’a pas espéré que la musique du rythme et des rimes remplacerait ici suffisamment l’orchestre et les voix absentes.

Pour M. Verhaeren qui, lui aussi, a voulu aborder le théâtre, il a réussi à mettre à la scène des épopées, par endroits fort belles, à tendances sociales, mais ses personnages, surhumains comme le Torquemada d’Hugo, ont écrasé les acteurs chargés de les porter en scène. Le Cloître^ la mieux accueillie de ces tentatives, n’a pas réussi à passionner le spectateur car l’auteur, n’a pas su le contraindre, ni par les violences ni par les séductions de l’action, à se faire l’âme d’un Prieur aristocrate, en lutte contre un théologien de race plébéienne, qui réclame sa succession.

Cela n’a pas été non plus, cette Fille aux mains coupées, ni cette Errante, de M. Pierre Quillard — ce sont là des « poèmes dramatiques » impossibles à porter au théâtre.

Certes une rare élite a écouté avec tout l’intérêt qu’ils méritent les quatre actes de M. Maurice de Faramond La noblesse de la Terre. On a été touché, littérairement, et peut-être philosophiquement, par les intentions généreuses du poète qui montre toutes les puissances symboliques de