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MA TANTE


tante » ? lui dis-je toute étonnée, puisqu’elle venait de m’avouer qu’elle n’avait plus de pratiques.

« Sois tranquille, Suzon, me répondit-elle d’un ton ferme et décidé, aux grands maux les grands remèdes. Nous déjeûnerons encore aujourd’hui : le café au lait soutient ; c’est une vieille accoutumance que j’ai, à laquelle je ne puis renoncer. Je peux me priver de dîner, même de souper) mais je veux déjeûner, et je déjeûnerai. C’est aujourd’hui le lendemain d’une fête de communauté… Il y a eu hier des orgies, de grands repas… il n’est pas possible qu’il n’en soit résulté quelques bonnes indigestions. Je vais encore faire des visites chez plusieurs gros bénéficiers, de mes anciennes pratiques, pour voir si, heureusement, quelqu’un d’eux n’aurait pas besoin de mes secours. Si le bon Dieu veut que deux ou trois, seulement me passent par les mains, voilà notre café