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MA TANTE


qui arrivent aux maîtres ou aux chefs sans avoir fait des courbettes devant les intermédiaires. Je m’en aperçus bientôt par la conduite de cette première femme de chambre envers moi.

Elle me grondait à tout propos sans sujet, elle trouvait mal ce que je faisais et ce que je ne faisais pas. Si je mangeais, j’étais gourmande ; si je ne mangeais pas, j’étais boudeuse ; si je parlais, j’étais babillarde ; si je ne parlais pas, j’étais sournoise ; si je ne lui demandais pas de conseil, j’étais une présomptueuse qui croyais tout savoir, et si je lui en demandais, j’étais une imbécille qui ne savais rien… enfin il aurait fallu être sorcière pour la contenter, ou seulement pour avoir la paix avec elle.

J’endurais cependant tout avec patience dans l’intention de me rendre digne des bontés de la brave dame qui avait daigné s’intéresser à moi… mais c’était dans les leçons de coiffure que