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MA TANTE

Je poussais des hurlemens affreux, et la maudite femme, s’animant de plus en plus, à mesure, aurait infailliblement fini par me tuer sous ce lit, si un bruit effrayant ne s’était fait entendre à la porte, où l’on frappait à coups redoublés, car elle l’avait fermée, et mis même la clef dans sa poche, ne voulant pas, disait-elle, que, ni l’homme ni moi, nous puissions sortir que l’affaire ne fût consommée.

Sur ses refus d’ouvrir, on enfonça, et nous vîmes entrer un commissaire, quatre soldats du guet, et ma mère avec eux.

Rassurée par sa présence, et songeant plutôt à me sauver, qu’à l’état d’indécence dans lequel je me trouvais, je sortis vivement de dessous le lit et me précipitai dans ses bras, toute nue, toute meurtrie et ensanglantée, en m’écriant :

« Ah, ma bonne mère, sauvez votre pauvre fille » !