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MA TANTE


pour trouver l’eau plus claire, ma mère, qui était retournée à la maison pour dîner, m’avait laissée seule à garder beaucoup de linge fin qui était étendu tout le long après des perches, pour sécher. Un homme mal intentionné, et qui avait médité ce coup-là d’avance, passa à cheval sur le chemin, puis se détournant tout-à-coup, il vint enfiler justement entre deux rangées des cordes de mon linge, et, toujours trottant, il enlevait de chaque main des pièces qu’il plaçait à mesure sur le cou de son cheval. Je me mis à crier, et à courir après lui à toutes jambes. Malheureusement j’étais trop loin du village pour être entendue, et personne ne passait sur cette route qui était peu fréquentée. Le voleur ayant fait son coup, mit son cheval au petit galop, et gagna du côté d’un petit bouquet de bois qu’on apercevait de là. Je le suivis toujours avec toute l’ardeur dont j’étais capable ; mais, épuisée par la fatigue, je ne pouvais plus crier, et ma