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GENEVIEVE.


langue, desséchée dans ma bouche, ne pouvait, malgré mes efforts, prononcer aucun mot… Sa course paraissant se ralentir par la lassitude de son cheval, et ne désespérant pas de l’atteindre dans ce bois, où, gêné par les arbres, il ne pourrait plus aller si vîte, j’y entrai après lui, tant la crainte d’être grondée par ma mère, et de la voir obligée de payer ce linge, m’ôtait la réflexion et la prudence !…

A peine y fus-je un peu avancée, qu’il tourna bride précipitamment, et revenant sur moi au grand galop, il m’effraya ; je tombai, il sauta à terre, et me saisit… « Ah ! dit-il, je te tiens enfin ! il y a long-temps que je te guettais ».

Alors, me faisant envisager que toute résistance me devenait inutile, puisqu’il avait la force, et qu’il était décidé à se satisfaire à quelque prix que ce fût, il essaya à m’engager, par de belles promesses, à me prêter de bonne grâce à ses désirs.

  II.
O