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MA TANTE


procédure ni condamnation de la justice, perdit, à la suite de son pansement, les moyens de se rendre criminel une autre fois.

Quelque temps après, je lavais encore à la rivière ; le vent fit envoler à l’eau un beau fichu de mousseline brodée, et le courant l’entraînait. Je courus pour le rattraper ; mais je voyais avec chagrin que j’allais le perdre, car il prenait le tournant d’une petite île qui avançait jusqu’au milieu de la rivière… lorsque je vis venir un bateau où il y avait un pêcheur qui allait justement de ce côté. Je le priai de me permettre d’y entrer, pour suivre mon mouchoir ; il y consentit, et je l’aidai à ramer jusqu’à l’île, où effectivement je le rattrapai, bien contente et remerciant bien le pêcheur de ce qu’il me sauvait une bonne savonnade de ma mère : mais, quand ensuite je le priai de me reconduire à terre, il ne voulut plus entendre de cette oreille-là. Il me dit que toute peine méritait