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MA TANTE


» l’audacieux, le téméraire qui ose me manquer de respect à ce point ».

Quoiqu’alarmée moi-même par ces cris de ma tante, je ne lâchai pas non plus ce que je tenais, et je me mis à faire chorus, en criant comme elle : « Oui, vîte de la lumière ! on m’insulte aussi ».

Soudain tout le monde fut en l’air, et un des passagers, qui fumait sa pipe à un autre coin du coche, s’avança de notre côté, en faisant flamber une allumette. On vit alors un double et singulier tableau ; moi, tenant un moine par la barbe, à deux doigts de mon postérieur ; et ma tante tenant le marinier par… Le feu de l’allumette fut court, et la vue de ce spectacle ne fut pas assez prolongée pour pouvoir bien reconnaître les personnages ; de sorte que l’allumette éteinte, le marinier, par un coup de pied, fit quitter prise à ma tante le moine m’en fit autant par un coup de poing, et tous les deux,